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Les expériences de Tonksounette

Mes découvertes, voyages et coups de coeur... et beaucoup de Disney !

Ma lecture d’Harry Potter à l’école de la philosophie par Marianne Chaillan. (Janvier 2014)

Ma lecture d’Harry Potter à l’école de la philosophie par Marianne Chaillan. (Janvier 2014)

Marianne Chaillan est une professeure de philosophie en lycée à Marseille, qui a choisi de confronter sa spécialité avec l’univers d’Harry Potter. Elle présente son œuvre de façon très scolaire, telle une dissertation avec intro, développement, conclusion et ouverture. Dans une première partie elle aborde la philosophie de Platon, le stoïcisme, et les références au bien et au mal dans la saga. Puis dans une seconde partie que j’ai trouvée nettement plus intéressante, elle aborde particulièrement le thème de la mort dans Harry Potter. Son essai approche des 200 pages, cependant je n’ai pas trouvé son travail particulièrement enrichissant. Certes c’était très plaisant de voir ma saga préférée associée à la philosophie de façon très sérieuse, mais cette lecture ne m’a pas apporté grand-chose et ne m’a pas permis d’ouvrir de nouvelles portes.

On ressent que Marianne Chaillan est une grande connaisseuse de la saga, mais les questions qu’elle soulève ont pour la plupart déjà été travaillées par les fans. Il faut également souligner qu’au moins la moitié du livre est constituée de citations de livres, ainsi que de paraphrases des tomes. L’auteure ne peut pas s’empêcher de nous faire un résumé détaillé des scènes qu’elle utilise dans ses théories, qui sont pourtant supposées être connues des fans. On peut donc se poser la question suivante : A qui s’adresse ce livre ? Il apparait comme très pointu et réservé aux grands connaisseurs, or il n’apportera pas grand-chose de nouveau aux fans.
 

Ce qui m’a particulièrement dérangé est que Marianne Chaillan se montre très subjective dans son essai. Non seulement elle raconte des éléments de sa vie personnelle (sa visite aux studios Leavesden par exemple, c’est inutile, si on achète son livre c’est qu’on est très fan d’Harry Potter, et par conséquent il y a de fortes chances qu’on connaisse déjà les studios…), mais en plus elle fait des réflexions qui contredisent le but de son essai, comme par exemple : « si on est vraiment fan, on connait ci, on connait ça… ». Or comme relevé plus haut, si on est vraiment fan, on n’a pas besoin qu’elle nous rappelle chaque scène des livres en nous le recopiant presque mot pour mot. Durant toute sa réflexion, elle ne cesse de rabaisser les films par rapport aux livres, ce qui m’a particulièrement gênée. Je suis très fan des livres, et assez peu concernée par les films (je les trouve clairement moins bons, voire mauvais, mais je les respecte beaucoup car ils m’ont fait rêver presque autant que les livres), mais considérer certaines scènes de films comme des « erreurs » n’a pas sa place dans son livre. Elle affirme par exemple « C’est rare où le film ajoute au livre un élément positif ! » Elle est également très subjective lorsqu’elle parle des acteurs, ce qui n’a absolument aucun intérêt dans le thème de la philosophie chez Harry Potter.
 

Sa réflexion sur Platon et le stoïcisme était originale, justifiée et cohérente. Elle précise des aspects évidents (Harry est un personnage moral qui n’agit pour personne d’autre que lui-même, entre autres), et les fans ne pourront pas vraiment se servir de son étude pour de nouvelles réflexions. Dans cette partie, j’ai clairement eu l’impression que l’auteure s’était constituée des thèmes qu’elle avait envie d’aborder, d’expliquer ou de défendre, et qu’elle en faisait une succession de chapitres dans son étude. « Tiens je vais parler de divination, puis du Miroir du Risèd, puis des Détraqueurs, et ainsi de suite. » Je n’ai pas réussi à voir où elle voulait en venir avec tout ça. Les références à Nietzsche, Sartre ou Platon sont présentes pour justifier son travail, mais j’aurais préféré qu’elle approfondisse un peu plus le véritable aspect philosophique de la saga.

 

Voici les passages que j’ai particulièrement appréciés, que j’ai moi-même reformulé d’après ses termes :

Le thème de la pitié : Voldemort est dépourvu de toute pitié, il n’hésite pas à assassiner toute sa famille pour se couper totalement de tout lien de parenté, ainsi que Lily uniquement parce qu’elle a voulu s’interposer entre son fils et lui, et également le fidèle Quirrell après avoir envahi son corps pendant un an. Au contraire Harry éprouve beaucoup de pitié à plusieurs reprises dans la saga, car il va laisser en vie Peter Pettigrow, et tenter de sauver Malefoy, son ennemi de toujours. Narcissa va après cela faire preuve de beaucoup de pitié en laissant la vie sauve à Harry. Ainsi Marianne Chaillan théorise la contagion de la vertu.

 

 Le refus de la mort des personnages :

  • Le refus de la mort par Voldemort : Sa recherche de l’immortalité d’abord par la création d’Horcruxes, puis par le sang de licorne, et également avec la quête de la pierre philosophale. Voldemort éprouve aussi le désir de puissance absolue, en lien avec l’immortalité, avec sa recherche de la baguette de Sureau.
  • Le refus de la mort par les fantômes, leur peur du « après » et leur nostalgie liée à leur vie de vivant.
  • Le refus de la mort par Cadmus Peverell, qui demande à La Mort le moyen de retrouver sa fiancée.

  • - Le refus de la mort par Albus Dumbledore, qui ne résiste pas à la tentation de porter la bague des Gaunt pour utiliser la Pierre de Résurrection.

 

L’acception de la mort :

  • Albus Dumbledore, qui, conscient de son état dégradant suite à l’utilisation de la bague, ordonne à Severus Rogue de le tuer.
  • Harry, qui se jette dans « les bras de La Mort » en se rendant à Lord Voldemort dans la forêt après la bataille de Poudlard.
  • Ignotus Peverell, qui finit par retirer sa cape d’invisibilité et accueillir la mort.
  • Fumseck, qui accepte la mort pour renaître de ses cendres.

Ainsi nous pouvons retenir la réflexion de madame Chaillan comme la suivante : la saga Harry Potter nous aide à accueillir la mort et à considérer notre souffrance.   

 

Cet essai aurait pu se terminer sur une évaluation positive, si l’auteure n’avait pas fait un  rapprochement assez étrange qui m’a beaucoup troublé entre Harry Potter et Une Place à prendre, le roman de J.K.Rowling sorti en 2012. Si vous suivez mon blog depuis le début vous avez pu lire ma critique et voir que j’ai particulièrement détesté ce roman. Marianne Chaillan présente ce roman comme un adieu à Harry Potter, comme une « place à prendre », mais surtout, un vide à combler pour tous les fans qui doivent fermer la page Harry Potter. Le personnage de Barry Fairbrother serait un ultime hommage à Harry, nous avons tous pu constater la ressemblance entre les deux prénoms, et ce personnage mourant au début du roman témoignerait de la disparition symbolique d’Harry. Aucun des personnages qu’elle met en scène ne pourra succéder à Barry à la fin de l’intrigue, ce qui pourrait démontrer que nul ne remplacera jamais Harry Potter, et que « toute tentative littéraire ne pourra être qu’un échec » (ce qui a été le cas avec Une Place à prendre), et cet échec était nécessaire pour passer à autre chose et marquer la fin d’un succès, la fin d’un mythe. J’ai trouvé cette analyse très émouvante et elle a adoucit mon jugement par rapport à ce roman que j’ai détesté à ma lecture, mais elle m’a aussi grandement perturbée et j’aurais aimé que notre auteure développe un peu plus cette ouverture !
 

En résumé, j’ai apprécié la lecture par principe, j’aime beaucoup les travaux de réflexion sur Harry Potter, tout simplement. Cependant cet essai ne m’a pas assez plu pour que je le recommande vivement aux fans, qui vont lire des choses qu’ils connaissent déjà. En revanche les gens qui ont lu Harry Potter sans forcément aller plus loin dans la saga pourraient apprécier cette lecture. Je précise également qu’il n’est pas nécessaire d’avoir suivi des cours de philosophie ou de maîtriser cette branche pour comprendre l’analyse de Marianne Chaillan car elle nous renvoie à des citations de philosophes ainsi que des explications détaillées de ses sources.

Merci d’avoir lu ma critique et bonne lecture aux curieux ! Si vous avez partagé cette lecture, n’hésitez pas à donner vos avis.

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